Pourquoi t’es-tu installée en Californie ?
C’est grâce à mon mari qui avait une start-up dans la tech en France et qui est venu la développer ici.
Nous sommes arrivés en janvier 2019. En France, j’étais chargée de communication à la Fédération Française de Hockey sur Gazon. À l’origine, je viens du golf, un sport que je pratique depuis l’âge de 10 ans et dans lequel je rêvais de devenir professionnelle. Finalement, c’est le hockey qui m’a attirée, mais par la porte de la communication.. À Los Angeles, je joue peu au golf car le temps me manque avec deux enfants et je n’ai pas non plus cherché à jouer au hockey sur gazon. Mais même à l’autre bout du monde je reste une grande supportrice des Équipes de France Masculine et Féminine de Hockey.
Comment as-tu eu l’idée de devenir modiste ?
A Los Angeles, les gens, hommes et femmes, portent souvent des chapeaux. C’est sans doute ce qui m’a donné envie d’en avoir un moi aussi. Thomas, mon mari, pour mon anniversaire m’a offert un Stetson. Je l’adore ! Il est confortable et élégant. J’ai pris plaisir à porter cet accessoire que ce soit pour une occasion mais aussi au quotidien. Et puis, pour Noël, j’ai voulu agrandir ma collection et avoir un second chapeau. Thomas me connait bien ! Il sait que j’aime beaucoup les activités manuelles alors, pour mon anniversaire suivant, il a eu l’idée de m’offrir le matériel et les outils nécessaires pour que je les fabrique moi-même. Et c’est comme ça que tout a commencé…
Comment t’es-tu formée ?
Uniquement en suivant des tutos sur internet et en essayant encore et encore. Je suis satisfaite des chapeaux que je fais aujourd’hui mais plus tard j’aimerais bien suivre une formation sur plusieurs semaines, que j’ai repérée, et qui se déroule dans un atelier dans la région lyonnaise. Peut être est-ce le syndrome de l’imposteur qui plane au-dessus de ma tête, le besoin d’être validé par une formation pour me dire que je suis “vraiment” modiste.
Quels matériaux utilises-tu ?
Pour le moment, je travaille principalement la feutrine de laine, que je me procure ici aux États-Unis. Il m’arrive aussi de réaliser des chapeaux en feutrine de castor, bien que cette matière soit plus onéreuse. À l’avenir, j’aimerais également me lancer dans la création de chapeaux en paille.
Comment est-ce que tu fais un chapeau ?
Chaque chapeau est fait sur-mesure. Je prends le temps de discuter avec la personne qui le portera pour bien cerner ce qu’elle souhaite, ses goûts, ses attentes et je prends ses mesures.
Ensuite je pars d’une plaque de feutrine. Je lui donne sa forme sur un bloc rond en chauffant
à la vapeur et en tirant. Je fais tout avec mes doigts, ce qui rend chaque chapeau unique.
C’est assez physique. Ensuite je vais découper les bords, le former, le personnaliser avec différents matériaux (fils, rubans, cuir, dentelle…), insérer une bande de tissu réglable à l’intérieur. Au début j’utilisais du cuir pour cette bande, car je trouvais que cela rendait le produit plus qualitatif et finalement je me suis rendu compte que le tissu était plus confortable et agréable à porter.
Combien de temps cela prend de faire un chapeau et combien le vends-tu ?
Pour le façonnage je dirais 5 à 6 heures minimum. Si j’inclue les temps de séchage, en tout il faut environ 3 jours.
Le prix d’un chapeau commence à $250.
Qui sont tes clients ?
Pour l’instant, c’est au sein de la communauté française de Los Angeles, à travers mon compte Instagram, que je fais découvrir mes créations. J’ai déjà confectionné une quinzaine de chapeaux avec passion.
Quelle est l’étape la plus difficile ?
C’est la mise en forme car il faut pas mal de force pour tirer et lui donner sa forme. Sans oublier la chaleur intense : il faut rester vigilant pour éviter de se brûler !
Quelle est l’étape que tu préfères ?
Ça peut sembler surprenant, mais c’est la découpe du bord. Je ne saurais dire pourquoi, mais j’adore l’outil utilisé et voir le chapeau se dessiner peu à peu me fascine !
Quelle est la plus délicate ?
L’un des principaux défis que je rencontre aujourd’hui, c’est que mes chapeaux sont entièrement sur mesure, et je ne dispose pas encore de toutes les tailles. Je me suis également rendu compte que, si chaque tête a une circonférence différente, la hauteur du crâne – entre le dessus des oreilles et le sommet de la tête – varie aussi d’une personne à l’autre. Et cet élément influence directement la forme du chapeau.
Est-ce que tu as une anecdote qui t’a marquée ?
Oh oui ! Et c’est une coïncidence assez incroyable. Lorsque j’ai décidé de me lancer, j’en ai bien sûr parlé à ma famille, et en particulier à ma maman, qui est ma confidente. C’est alors qu’elle m’a révélé une histoire fascinante : mon grand-père, que je n’ai jamais connu, était plumassier à Paris. Il fabriquait les boas dans son atelier parisien – il est resté le dernier fabriquant et teinturier de plume – et sa sœur était modiste ! Sans le savoir, peut-être que cet amour du métier coulait déjà dans mes veines.