Annuaire en accès 100% gratuit pour le public, abonnement 12USD par an pour les professionnels

Faire des choses sérieuses en s’amusant

Olivier Gruere
Olivier Gruère est le fondateur de Royal Cheese Agency (appréciez le jeu de mot), l’agence marketing des marques françaises aux Etats-Unis.

Qu’est-ce qui t’a amené à t’installer en Californie ?

Je suis arrivé en 2014 grâce à Technicolor dans un contexte particulier qui m’a conduit à créer ma boîte 3 ans plus tard. Ce n’était pas du tout le plan de départ…

J’avais accepté une mission d’expatriation en tant que Directeur Social Media à Los Angeles chez Technicolor chez qui je bossais déjà en France depuis 2009. Mais au bout de 3 ans, les choses se sont gâtées et mon contrat s’est arrêté brutalement. Viré à l’américaine 10 jours avant Noël, ce n’est pas ce que j’appelle un cadeau. Or, mon visa (L1) était lié à ce poste et allait expirer très vite. Ma femme venait juste de trouver le job de ses rêves (qu’elle exerce encore aujourd’hui). On a donc fait appel à une avocate spécialisée en immigration pour comprendre les solutions que nous avions pour rester en Californie. La seule option était de changer de statut pour un visa investisseur (E2). Ce que j’ai obtenu en seulement 4 mois.  

Finalement, monter ma boîte à Los Angeles s’est un peu imposé à moi. Et aujourd’hui je dois avouer que c’était une très bonne chose !

Qu’est-ce qui te plait ici ?

Quand je venais en touriste aux USA ou pour le travail, je n’avais pas d’attirance particulière pour LA. Je me voyais plus à Chicago, SF ou New York. Mais maintenant que j’y vis, ma vision a totalement changé. La ville est ultra dynamique et il y a énormément d’opportunités business, avec des budgets bien plus importants qu’en France. Et même si tout y est très cher, la qualité de vie est bien plus élevée qu’à Paris où j’ai vécu toute ma vie.

Travailler avec la double culture franco-américaine me donne un avantage énorme, parce que je sais quelles différences culturelles je dois exploiter pour créer des ponts efficaces.

Ce que j’aime avec la façon de travailler des Américains c’est que c’est direct, simple et tout de suite basé sur la confiance. Ça avance vite. Le revers, c’est qu’au moindre loupé, la relation peut s’arrêter. 

Avec des Français c’est l’inverse : il faut construire la confiance et prendre le temps de convaincre, ce qui est super chronophage, et après on peut travailler. Les Français sont plus méfiants, plus tatillons mais aussi plus rigoureux.

Ma position est très chouette car je peux prendre le meilleur des deux cultures !

Comment cela se concrétise dans ton travail ?

Sur le marché US, tout est une question d’image de marque. Le Branding est même une religion business. Les boîtes américaines ont une longueur d’avance sur ces sujets. Elles savent créer une relation émotionnelle avec leur audience.
Je crois au pouvoir immense de l’image de marque dans toutes les facettes de la vie et des affaires. Personne ne devrait négliger le rôle de l’image de marque, son influence sur le comportement des consommateurs et sa nature essentielle pour le succès de tout produit, service ou carrière. Et c’est vrai autant pour les marques que pour les CEO. Je reviendrai dessus un peu plus loin.

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton métier ?

Ce qui m’anime le plus, c’est la créativité, la découverte continue de nouvelles idées, l’adoption de nouvelles perspectives et l’exploration des tendances en constante évolution dans le paysage de l’image de marque. Cela me permet d’approfondir constamment ma compréhension de la « science » du branding.

Toi qui a eu une aventure d’expatriation qui aurait pu se finir mal, quels conseils donnerais-tu à un candidat à l’expatriation ?

La clé c’est de super bien négocier son contrat avant de partir, en ne négligeant aucun aspect. Ce qui m’a sauvé moi, c’est que j’ai été intransigeant sur la prise en compte de mon ancienneté de mon job entre la France et les USA. Ainsi, quand j’ai été licencié, j’ai eu un package de départ basé sur 10 ans d’ancienneté, ce qui m’a permis d’investir dans ma boite Royal Cheese Agency. Si mon ancienneté avait été calculée sur mes trois ans aux USA seulement, c’est sûr que nous aurions dû rentrer en France.

En 8 ans, tu as travaillé sur un nombre impressionnant de projets variés. Peux-tu citer des réalisations majeures ?

– Royal Cheese Agency a accompagné plus de 100 PME et startups à créer des marques mémorables, la plupart encore en affaires aujourd’hui (l’image de marque a certainement joué un rôle dans leur succès).
– On a fait grandir organiquement plusieurs pages LinkedIn à 150k+, aidé 6 chaînes YouTube à atteindre 50 000 et 80 000 abonnés
– On a même créé notre propre chaîne YouTube qui a aujourd’hui plus de 33 000 abonnés

Comment est composée ton équipe ?

C’est une composition très flexible car nous travaillons à la carte en faisant appel à des partenaires (agences ou freelancers) reconnus pour leurs compétences spécifiques : agences spécialisées en Meta Ads, Google Ads, agence en Floride proche du terrain de la côte est.

Notre noyau dur est composé de 3 membres : une personne qui fait du démarchage, une autre qui fait tout le contenu et du community management, et moi qui me concentre sur la création et la stratégie. 

Y a-t-il un projet qui t’a particulièrement marqué ?

Oui il y en a eu plusieurs. Souvent ce sont des projets sur lesquels on s’est cassé les dents dont on se rappelle, parce qu’ils nous servent d’exemple et de leçon !

Me revient en mémoire un projet qui s’était super bien déroulé et où on a fini par se faire traiter d’arnaqueurs par le client. C’était notre deuxième année d’activité. Le client était un family business à Boston MA, et on les accompagnait pour le lancement d’un anti-douleur à base de plantes. On a travaillé avec eux pendant un an, et c’était une collaboration super : stratégie de marque, e-commerce. Le hic c’est que la mise sur le marché dépendait du feu vert de la FDA (Food and Drug Administration). Ils ne l’ont pas obtenu et le projet est tombé à l’eau. Comme ils avaient engagé beaucoup de frais, ils ont fait appel à un avocat nous accusant d’avoir “saboté le projet” afin de casser le contrat sans aucun préavis. Nous n’étions pas équipés pour faire face à ce genre de situation Massachusetts vs Californie. Finalement, on a trouvé un accord à l’amiable. Mais on a appris dans la douleur et la déception que business is business, et je peux te dire que ça nous a servi de leçon. 

Après, il y a aussi les clients que l’on accompagne depuis 3 ans, 4 ans. On les connaît tellement bien qu’on a l’impression de faire partie de leur équipe. Mais on sait que tout peut s’arrêter du jour au lendemain, alors on donne le meilleur chaque jour.

Combien de projets accompagnez-vous par an ?

Je dirais entre 15 et 20 projets en moyenne. On a des projets récurrents, et puis des projets ponctuels sur lesquels on joue plus un rôle de conseil sur la stratégie. Ça va de la stratégie sur 2 mois à l’accompagnement complet sur un semestre, parfois bien plus !

Comment vois-tu l’avenir de ton agence ?

En ce qui concerne notre déploiement géographique, je prévois le développement constant sur la côte Ouest car c’est plus simple et on connaît très bien le marché. Avec la côte Est, on passe le relais à notre partenaire local.

Au sujet des services, et je te l’ai mentionné précédemment, je voudrais développer l’accompagnement des dirigeants et des CEO en prise de parole sur les réseaux sociaux. Le Personal Branding, savoir bien pitcher, se mettre en avant, raconter son histoire et celle de son business, tous ces éléments sont hyper importants et représentent des atouts sur le marché américain. Mais très souvent, les dirigeants français ne sont pas à l’aise car en France, c’est mal vu de se mettre en avant. Les accompagner dans ce sens fait aussi partie de la réussite de leur american dream.

Découvrez notre site et nos compétences : https://lebottinmondial.com/entreprises/royal-cheese-agency/

Partager

Sommaire