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Une tapissière qui a plus d’un tour dans son sac

Cécile Paradon est la fondatrice de l’Atelier Paradon, spécialisé dans la tapisserie décorative de maisons et de bateaux.

Peux-tu nous décrire ton activité ? 

Je suis tapissier décorateur ; je refais des fauteuils, canapés, rideaux, stores roulants, pour des particuliers ou des professionnels. Ça va du client qui souhaite des coussins, à l’hôtel ou l’entreprise qui me demande d’intervenir sur tout l’établissement. Dans ce cas, j’interviens pour le choix de toute la déco, y compris les moquettes. Je vis en Floride où, avec New-York, j’ai la plupart de mes activités. Et j’exerce aussi partout aux USA. Ce qui est singulier en travaillant en Floride c’est qu’il m’arrive de refaire des sièges de bateaux.

Depuis quand t’es-tu lancée et comment t’est venue l’idée ? 

Je me suis lancée il y a 7 ans. Formée aux Beaux-Arts à Reims, j’ai débuté ma vie professionnelle par un stage dans la mode chez Thierry Mugler qui n’a fait que confirmer que c’était ce que je voulais faire.

Je suis venue en vacances à NY et ne suis plus repartie. J’ai eu la chance de travailler pour 2 startups :  Old Navy pendant 10 ans, suivie par Tory Burch. Pour cette dernière l’aventure a commencé par l’intermédiaire d’une amie qui nous a mises en contact. Au début on travaillait dans sa cuisine ! J’ai passé 14 années avec elle.

J’ai toujours aimé travailler de mes mains, or aujourd’hui, le métier de styliste a beaucoup évolué : tout est digitalisé et cela me correspond moins. Et puis j’avais envie de vivre en Floride et ralentir. J’ai réfléchi longtemps et comme j’avais toujours aimé bricoler des meubles en regardant des bouquins et des tutos, l’idée de me lancer dans la tapisserie est devenue de plus en plus forte. J’ai cherché une formation en France et ça a été une révélation. 

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton métier ?

La variété (chaque projet est unique) et la diversité des personnes que je rencontre.

Ce qui compte aussi beaucoup c’est qu’installée en Floride, j’ai pu organiser mon atelier chez moi, j’ai plus de place. Rester à NYC ça aurait voulu dire plus d’investissement, à commencer par louer un local. Ca m’a pris un peu de temps de me faire connaitre et développer ma clientèle. Petit à petit je me suis fait un nom. Je ne veux pas grossir. Je le fais plus pour le travail bien fait et bien maitrisé. Je ne dis jamais non à un projet.

Quel est ton client type ?

C’est souvent une personne qui aime le design, qui veut que son intérieur lui ressemble. J’ai plus de clients américains que français. Mes premiers clients ont été mes amis. Certains trouvent mon contact par internet et d’autres par le bouche-à-oreille. Ils ont généralement déjà vu ce que j’ai fait. Une de mes grandes satisfactions est quand les gens refont appel à moi : c’est la plus belle récompense et reconnaissance.

As-tu une spécialité qui te démarque ?

Depuis le temps que je vis aux USA, je suis très intégrée. Je reste cependant française et je me rends compte que le coté meuble de famille qui a une histoire donne du sens à ce que je fais. On est tellement dans une époque où tout est devenu du consommable ! Quand je restore un meuble, je découvre les restaurations précédentes, les techniques utilisées. Ça m’amuse beaucoup. Je travaille toujours toute seule. J’aime mon métier et je ne veux pas déléguer. Ça me permet de garder des prix compétitifs. J’adore ce sentiment de liberté. Je fais mes horaires. Je bosse tous les jours mais c’est réparti et équilibré. En cas de coup de bourre je travaille jusque tard la nuit s’il le faut.

As-tu une anecdote ou un événement qui t’a marquée ? 

Le plus cocasse c’est la façon dont j’ai obtenu mon stage en France. Je cherchais à Paris ou Metz. J’avais trouvé sur un site les coordonnées de tous les tapissiers de France. J’appelais tous les jours une formatrice dont le travail me plaisait beaucoup. Je n’avais jamais de réponse. Mais comme j’étais décidée et volontaire, j’ai persisté jusqu’au jour où enfin quelqu’un a pris mon appel : elle ne décrochait pas car le numéro affiché lui semblait bizarre et elle craignait un piège ! Je me suis super bien entendue avec elle et elle m’a donné une formation sur-mesure. 

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