Quel est ton parcours ?
Je suis diplômée en sciences politiques avec une spécialisation sur l’Afrique. J’ai commencé ma vie professionnelle comme journaliste pour Jeune Afrique, dont j’ai été pendant 4 ans la correspondante à Dakar. Plus tard, après avoir eu deux enfants, j’ai dirigé à Paris la rédaction d’Epok, le magazine culturel de la Fnac, qui avait un tirage de 250 000 exemplaires avant d’être remplacé par un site non marchand, que j’ai lancé avant de quitter la France pour la Caroline du Nord, en 2007.
Depuis mon arrivée aux États-Unis, je suis auteur à plein temps. Je publie des récits et documents (chez Stock), et je suis la plume (anonyme) de personnes souhaitant raconter leur vie. Ce sont parfois des personnalités célèbres, parfois des inconnus désireux de laisser une trace de leur passage sur terre.
Quels sont les livres que tu as écrits ?
Mon premier livre, cosigné en 2000 avec Stephen Smith, était Bokassa 1er, un empereur français”, une biographie de ce sergent qui se fit sacrer empereur à la manière de Napoléon, au cœur de l’Afrique. En 2005, nous avons également co-signé “Noir et Français”, une somme un peu indigeste sur l’histoire de la France noire, un sujet inédit à cette époque.
Puis, après quelques livres pour enfants, “Rue Jean-Pierre Timbaud, une vie de famille entre barbus et bobos » (2016), un récit à la première personne sur l’illusion du vivre ensemble et les échecs du modèle d’intégration à la française. Et enfin en 2018, « Vu en Amérique, bientôt en France », un document annonçant ce qui allait advenir à une société française constamment à la remorque des États-Unis.
Je t’ai découverte en lisant ton dernier livre, parce que vivant aux USA, je me suis dit que le sujet méritait toute mon attention. Comment a-t-il été accueilli ?
Plutôt bien en termes de couverture médiatique (la une du Figaro Magazine, France Inter, France Culture, etc.) Pourtant le livre s’est mal vendu. A quelques exceptions près, comme Alain Finkielkraut sur France Inter, les journalistes et, en fait, les premiers lecteurs, ne croyaient pas à ce que j’annonçais. Ils pensaient que je forçais le trait. Cinq ans après sa sortie, je crois pouvoir dire que tout ce qui est écrit dans ce livre – sur la race, le genre, les opioïdes, la perte des codes, l’anxiété… – s’est vérifié.
A partir de quand considère-t-on qu’un livre a du succès ?
Il y a 20 ans, pour qualifier un livre de “best-seller” il fallait franchir la barre des 60 000 exemplaires. Aujourd’hui c’est 10 000. La plupart des livres ont des ventes inférieures à 2000 exemplaires.
Aujourd’hui qu’est-ce qui fait qu’un livre “marche” ou pas ?
Personne ne le sait exactement. De nombreux facteurs entrent en jeu : pour les livres de non-fiction, le sujet et la clarté du propos jouent – évidemment, mais aussi le timing de la publication, la notoriété de l’auteur, la chance, l’air du temps… Pour le roman, c’est encore plus compliqué. Les gros vendeurs, ces dernières années, ont été successivement les polars, les mangas, les livres de développement personnel, et depuis peu, l’érotisme soft et la romance « feel good ». Une dizaine de femmes, jeunes et présentes sur les réseaux sociaux, vendent chacune leurs livres à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires.
Quels services proposes-tu ?
Je vends mes services d’écrivain public « haut de gamme » à toute personne souhaitant raconter sa vie. C’est un travail que je fais souvent à distance après une première rencontre physique, via un échange de questions et de fichiers audio numériques envoyés par email. L’écriture d’un livre peut prendre de 3 mois à un an en fonction de la disponibilité de mon client. Tout est envisageable : j’ai récemment terminé un joli livre offert par ses enfants à une femme de 85 ans qui souhaitait commenter les photos de sa vie. Et avant cela, j’ai travaillé pendant un an avec un grand patron soucieux d’expliquer sa carrière à sa descendance.