Quand et comment êtes-vous devenus courtiers d’affaires aux États-Unis ?
Nous avons commencé cette activité en 2013. Nous l’avons créée suite à plusieurs concours de circonstances. J’ai travaillé pendant près de vingt ans dans la banque, la plupart à la direction des engagements du Crédit Mutuel du Sud-Est. En 2007, nous nous sommes installés en Guadeloupe et nous venions souvent en Floride. La crise des subprimes a eu lieu et nous avons investi dans des biens immobiliers en Floride. Nous avons, à cette occasion, rencontré une avocate à Orlando avec qui nous avons parlé d’autres projets qu’immobiliers. L’idée de venir vivre à Orlando est devenue de plus en plus évidente. Notre avocate nous a demandé de faire un business plan pour faire valider notre projet d’immigration et d’investissement. Vingt-quatre heures après le lui avoir remis, elle le validait et nous a demandé à ce moment-là si nous ne voudrions pas réaliser les business plans pour son cabinet. C’est là qu’ Objectif USA est né.
Quelles ont été vos premières activités aux États-Unis ?
Notre business plan reposait sur de l’import-export. Entre 2010 et 2013, nous importions de France des produits alimentaires, des produits de décoration, des meubles et, tu ne devineras jamais : du savon de Marseille. Nous étions le plus gros vendeur en ligne de savon de Marseille des États-Unis. Ça ne s’invente pas !
En parallèle, je faisais des business plans pour le cabinet d’avocat.
Aujourd’hui, vous êtes courtiers d’affaires à temps plein : qu’est-ce qui a fait la bascule ?
Quand je préparais les business plans, ma mission se limitait à les écrire et à les transmettre. On ne me demandait pas de les commenter. Et c’était très frustrant parce que je savais que certains allaient droit dans le mur. J’ai voulu être plus dans le conseil et l’accompagnement.
En 2013, j’ai passé ma licence d’agent immobilier (obligatoire même pour les ventes d’affaires) et je me suis vite spécialisé dans les ventes et achats d’entreprises, entre autres pour les Français souhaitant s’implanter aux États-Unis. Nous avons bien entendu aussi une activité à 100 % américaine. Comme mes clients me demandaient aussi de leur trouver où se loger, et que cette partie n’était pas mon point fort, Daphnée a passé sa licence d’agent immobilier en 2015. Ainsi, je m’occupe de la partie entreprise et Daphnée du volet plus personnel et familial. Nous sommes très complémentaires.
Qu’est-ce qui va convaincre un investisseur de faire appel à vous ?
Nous mettons en avant trois points :
- Notre compétence : j’ai une formation comptable en France, j’ai un MBA américain et je suis le seul francophone accrédité CBI (Certified Business Intermediary). Nous sommes tous les deux License Real Estate Brokers,
- Notre expérience de plus de quinze ans dans ce métier, et de vingt ans dans la banque d’entreprise,
- Notre éthique : très clairement, nous ne ferons pas le deal de trop. En matière d’analyse et de contrôles, nous allons plutôt faire deux fois les vérifications que de passer à côté d’un vice ou d’un défaut.
Je te donne un exemple : si j’ai un investisseur dont le projet est de venir s’installer en famille à cinq et d’acheter un restaurant à 100 000 dollars, avec un niveau d’anglais pauvre, je vais considérer que le risque est beaucoup trop élevé et je préfère ne pas intervenir.
À ce titre, j’ai écrit un livre en 2021 « S’expatrier aux USA grâce aux visas d’entrepreneurs » et depuis 2014, nous donnons des conférences chaque année à Paris, Lyon et une ville du Sud. Cela nous permet d’informer les candidats sur le « rêve américain » de façon concrète et efficace. Certaines personnes réalisent que leur projet est un doux rêve, d’autres qu’il leur faudra plus de préparation. Ce que nous voulons les aider à éviter, ce sont les nombreux écueils qui sont sur le chemin. Il y a des personnes qui y ont tout laissé. Nous ne voulons pas assister à cela.
Combien et quels types d’affaires avez-vous traité ?
À ce jour, nous avons accompagné plus de 150 dossiers. Nous avons participé à des transactions de business de toutes sortes entre 100 000 et plusieurs millions de dollars. Pour les investissements immobiliers, les budgets vont de 300 000 à 3 millions de dollars, davantage pour des immeubles de bureaux ou des complexes immobiliers de plusieurs logements.
Nous considérons qu’un succès, c’est un client qui, trois ans après, vit de son business et est toujours aux États-Unis. Le taux de réussite des dossiers que nous avons traités est de 95 %.
Combien coûtent vos services ?
Sur les acquisitions, nous sommes payés en commission par le vendeur. Lors de la signature du mandat de recherche, le client versera une avance sur commission de 2 500 dollars qui lui sera reversée lors de la vente définitive d’une affaire.
En dehors de ces commissions, nous offrons d’autres services :
- La rédaction de business plan pour 2 500 dollars,
- Des prestations de consulting « à la demande », pour des sujets divers. Notre tarif est de 150 dollars par heure avec un minimum de 8 heures.
De toute façon, nous ne nous engageons pas sur des dossiers bancals. Ainsi, les clients à qui je dis que nous allons collaborer savent que nous avons des éléments solides sur lesquels nous baser pour assurer au maximum leur réussite.
Notre contrat est très clair et précise « ce que nous faisons » et « ce que nous ne faisons pas ». Nous ne ferons pas du client un entrepreneur s’il ne l’a jamais été et n’a pas cela « en lui ». Nous ne donnons pas de cours d’anglais… Certaines affaires nécessitent d’être parfaitement bilingue. Nous ne garantissons pas la réussite, mais nous nous efforçons d’aider au maximum nos clients dans leurs décisions. Au final, ils seront seuls aux commandes de leur affaire, de leur nouvelle vie, à eux de bien tout prendre en compte : Aux USA, “You have to do your homework”.
De qui se compose votre équipe ?
Daphnée et moi, plus deux Américains en free-lance qui travaillent sur les business plans. Je détaille le squelette du plan, à partir duquel une des personnes fait les études de marché et l’autre la rédaction. Et je dois dire qu’elle est exceptionnelle.
Bien sûr nous travaillons en étroite collaboration avec des avocats.
Aujourd’hui quels sont les business qui « marchent » ?
Tout ce qui concerne les services. Plus ça va moins les gens veulent faire de choses. J’ai même vu récemment une activité qui offre de venir nettoyer ton barbecue chez toi ! Et ça marche !
Dans la restauration, le point crucial c’est le drive through : un fast food sans c’est 500 000 dollars de chiffre d’affaires. Avec c’est le double !
En ce qui concerne le cas particulier des Français dans la restauration : c’est un fait avéré, ils ont de l’or dans les mains. Il faut juste veiller à ne pas faire de choses trop compliquées qui ne sont pas réplicables parce qu’il faut penser à la transmission. Si c’est trop compliqué, l’affaire devient invendable.
Il y a un autre secteur dans lequel les Français sont recherchés, ce sont les diplômés en coding et en informatique. Les écoles françaises dans ce domaine sont excessivement réputées.
Sur quels secteurs d’activité les plus anecdotiques avez-vous travaillé ?
Il y a eu deux entreprises qui nous ont particulièrement marqués :
La première c’était une affaire de « crime scene cleaning ». Cette entreprise avait une rentabilité folle. Il chargeait 4500 dollars pour une demi-journée de travail. Parfois ils avaient des chantiers qui pouvaient durer 8 semaines. Le directeur était super impressionnant. Il avait une implication incroyable et une attitude digne des meilleurs maîtres en marketing : il était très investi auprès des pompiers, et des policiers. Il participait à leurs associations caritatives par exemple. Il avait aussi un truc incroyable : Il avait des livres sur le sujet qui concernait chaque situation et les offrait aux familles en leur disant : à partir de maintenant, on s’occupe de tout pour vous, et je contacte votre assurance. Le sujet de son activité était super dur, mais il avait vraiment embrassé sa profession.
La deuxième était hyper poétique et nous a fait découvrir un univers insoupçonné. C’était une ferme qui faisait pousser des coraux. C’était magnifique. Ils avaient une collection de coraux dont certains n’existent plus dans leur univers d’origine. Ils sont destinés à des passionnés et aux aquariums. C’était trois jeunes associés qui faisaient marcher cette ferme unique au monde. Ils n’ont finalement pas vendu.