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Chevalier de l’Ordre des Arts et Lettres au service de la francophonie 

Sylvie Joseph Julien est la fondatrice de l’agence Sjj agency dont la vocation est de promouvoir la langue française et la francophonie aux Etats-Unis.

Quand as-tu commencé ton activité? 

Je me suis lancée il y a treize ans. C’était la suite logique de mes activités précédentes. Auparavant, en France j’ai fait des études de business. J’étais spécialisée en relations sociales et les dossiers que j’ai été amenée à gérer m’ont usée sur le plan humain : en 2006 j’ai fait un burn out. J’ai alors suivi une formation pour devenir conteuse et j’ai lancé mon activité culturelle depuis le col d’Ichère, à proximité de Pau. J’ai alors publié des contes en musique, créé des spectacles contés et animé des visites contées au musée du Louvre, à l’Opéra Garnier et à la Bibliothèque nationale de France. J’ai également contribué à travers le collectif Vivre Ensemble à amener au musée les personnes en situation de précarité sociale. En arrivant aux Etats-Unis, j’ai souhaité continuer cette activité professionnelle. J’ai créé une première structure et mes premiers contes.  

Quelles sont les missions de ton agence? 

Je promeus la francophonie et la langue française à travers des festivals et des tournées pour des artistes et auteurs francophones aux Etats-Unis, en Espagne et bientôt en Irlande. En fonction des thématiques et du public visé, je sollicite des artistes et nous construisons ensemble des projets culturels à destination des Francophones ou des apprenants en français. Comme Sjj agency est une organisation à but non lucratif, je fais fréquemment appel à des stagiaires et des bénévoles : n’hésitez pas à me contacter si vous êtes intéressés par nos opportunités de participer à des projets culturels en français ! Je suis aussi impliquée dans la création et publication de livres pour les enfants. 

En parlant de public, quel est-il? 

Ce sont les enfants francophones ou apprenants en français qui sont notre cible principale, à travers eux leurs parents, et leurs professeurs. Nous allons à la rencontre du public dans les écoles, dans les centres de langue, dans les librairies et les bibliothèques. Et le public vient à notre rencontre sur des festivals et les événements publics.  

Quels sont les événements que tu organises et auxquels vous participez? 

C’est très varié. Nous proposons des rencontres ou des ateliers, des lectures dessinées en musique, des batailles de dessins, des conférences, des séances de dédicaces ou encore des résidences d’artistes. Nous adaptons nos propositions aux projets culturels et/ou pédagogiques des structures qui nous accueillent. L’équipe Sjj agency, avec ses auteurs et artistes invités, participe chaque année à la Seattle’s French Fest, au festival ARTmosphère à San Francisco, à la journée internationale de la francophonie, à la journée internationale de la langue maternelle de l’UNESCO.  

Qui sont les artistes avec lesquels tu collabores? 

Ils sont du monde de la BD, de la littérature jeunesse et du journalisme. Parmi eux, il y a Jean Bastide, le dessinateur de la série BD Boule & Bill, avec qui toute cette aventure a commencé en 2018. On compte également Achdé, dessinateur de Lucky Luke, la journaliste Agnès Barber, créatrice du journal 1Jour1actu, la mangaka Elsa Brants, ou encore Orianne Lallemand et Édouard Manceau, auteurs jeunesse, respectivement marraine et parrain du festival Les Troubadours 2023 et 2024. 

Quels sont les prochains projets? 

Il y en a beaucoup parce que la francophonie est en pleine émulation depuis 2018, en tout cas aux Etats-Unis. Par exemple, avec Jean Bastide nous avions fait une tournée à Seattle, nous avions dû à contre-cœur fermer les portes du lieu d’accueil car il y avait trop de monde. L’engouement était inattendu. Cela nous a donné l’idée d’un futur festival sur la BD. 

En octobre, nous aurons une deuxième tournée avec Achdé en Louisiane, à Portland et Seattle. Il a sorti une nouvelle DB intitulée « Aie ! La douleur se traite aussi avec humour ». Nous programmons des rencontres scolaires, ainsi qu’un événement hybride dédié au secteur médical. Il y aura une conférence avec des docteurs, des infirmiers et d’autres professionnels du secteur médical pour mettre en relation la BD et la médecine de Seattle et San Francisco.  

Ce que je voudrais aussi c’est travailler davantage avec des artistes et auteurs francophones locaux dans les pays où je développe des projets. 

Peux-tu nous raconter une tournée? 

Bien sûr. En 2023, il s’agissait de ma première tournée BD avec Achdé. Sa tournée aux Etats-Unis s’est transformée en pèlerinage. : San Francisco, Sacramento, Nouvelle Orléans, New-York. Nous l’avons accompagné dans tous les lieux qui ont fait l’histoire de Lucky Luke (qui est belge comme tout le monde sait) : dans le Old Town à Sacramento, à la Nouvelle Orléans pour l’album « Lucky Lucke dans le coton », et à New-York où se déroule une bonne partie de l’album « un Cow-Boy à Paris ». Il a reçu un accueil formidable du public. 

Aux Etats-Unis, certaines polémiques enflent à propos de la littérature jeunesse. Est-ce que les auteurs francophones y sont confrontés? 

En effet cela arrive, sur des sujets d’actualité comme la diversité, l’inclusion ou le harcèlement, par exemple. On doit en tenir compte et s’adapter pour ne pas heurter. Ça n’est que mon expérience : j’ai constaté que ce qui se passe aux Etats-Unis, en matière d’art et de littérature, arrive en Europe, et en particulier en France, avec 3 à 5 ans de décalage… Quelque part c’est un avantage : si les auteurs sont observateurs de ce qui se passe aux Etats-Unis, ils peuvent être à l’avant-garde en France. 

Est-ce que tu as une anecdote à raconter? 

Avec trois autres aventurières seattleites, nous avons fondé une maison d’édition Les Marmottes Polyglottes LLC. Nous y travaillons sur la traduction de livres en anglais, en espagnol, et nous avons des projets pour le japonais et le chinois. Nous venons de publier notre premier livre pour les tous petits de 0 à 3 ans : « Le cri de la marmotte ». Cet album parle des cris des animaux. En réalité, ce sujet est un vrai casse-tête, et a suscité des fous rires mémorables et de longues discussions au sein de l’équipe : nous avons appris notamment que rien qu’aux Etats-Unis, en fonction des zones géographiques, les animaux n’avaient pas les mêmes cris. Les humains de ce pays ont une langue commune, mais pas les animaux !  

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