Comment es-tu arrivée aux USA ?
Je suis arrivée aux États-Unis il y a 11 ans en tant qu’épouse accompagnatrice, après avoir déjà vécu en Suisse et en Inde. En 2014, j’ai accompagné mon mari dans le cadre d’un transfert international au sein de la compagnie pour laquelle il travaille, sous un visa L2 Spouse. Comme c’est souvent le cas pour les expatriés arrivant aux USA, je te parle tout de suite de papiers d’immigration, ha !
Mon expatriation avait commencé avant cela en Suisse, où je travaillais dans la banque privée, puis en Inde, où je me suis formée à la décoration d’intérieur.
D’où vient le nom Zouz In ?
J’ai exploré plusieurs professions, certaines très brièvement et d’autres plus longuement, comme celle d’agent immobilier. J’ai beaucoup appris au contact de la clientèle américaine. C’est un métier qui demande une entière dévotion, ce qui devenait difficile à concilier avec mon rôle de maman de jumeaux. 🙂
J’ai ressenti un besoin viscéral de me réaligner, retrouver mes valeurs et de revenir à mes passions et mes racines. Je me suis donc tournée vers la Tunisie… L’idée a vraiment pris forme lorsque j’ai réalisé que, lors de discussions avec des Américains, je devais souvent remettre le pays sur la carte.
J’ai alors entamé un long travail sur moi-même, accompagnée de coachs personnelles, pour définir mon projet et passer à l’action. C’est ainsi que ZOUZ IN a vu le jour en 2023 !
Et tout naturellement, j’ai pensé à ce mot dialectal “zouz” qui signifie “entre”. J’ai tout bonnement voulu vous inviter à découvrir mon univers tunisien.
Tu peux traduire « zouz in », par « come on in » !
Quel est l’esprit de Zouz In ?
Dans un monde où on ne sait plus quelle main a œuvré à créer un objet, où trop de choses sont automatisées et déshumanisées, je me consacre à faire connaître un artisanat méditerranéen authentique et ancestral.
À l’origine de ce projet, il y a une envie simple mais profonde : mettre en lumière le savoir-faire des femmes et des hommes, artisans Tunisiens.
Il y a tellement de beauté dans ces objets — je la perçois sûrement avec autant d’intensité parce qu’elle fait partie de mon héritage culturel. Mais je suis aussi convaincue qu’avec mon profil multiculturel et international, je peux créer un vrai pont entre le fait-main ancestral et notre mode de vie moderne, comme on le vit ici à New York.
Avec ZOUZ IN, je veux inviter un peu de slow living, de cette nonchalance méditerranéenne (ha !) dans un monde qui file à 200 à l’heure.
Quels types d’articles trouve-t-on sur ton site ?
À ce jour, je propose un catalogue d’articles en bois d’olivier, en céramique, et en fibres naturelles, comme les paniers en feuille de palmier ou les foutas en coton.
J’ai encore une approche par matière, plutôt que par catégories classiques comme dans un department store traditionnel — ce qui reflète aussi ma façon intuitive de composer chaque collection.
Quel est l’article que tu vends le plus ?
Je vends très bien les articles en bois d’olivier — c’est ce qui fonctionne le mieux lors des ventes en présentiel.
Les planches notamment rencontrent un grand succès : elles sont naturellement hygiéniques, donc parfaitement food safe, et très prisées pour les moments de convivialité. Elles incarnent à la fois l’authenticité et l’usage quotidien, ce qui plaît beaucoup.
Et toi, quelle est la matière que tu préfères ?
Oh là… difficile de choisir, et je vais t’expliquer pourquoi !
Je suis foncièrement convaincue que chaque matière se sublime au contact des autres. C’est mon regard artistique qui parle ici : le mélange de textures apporte de la profondeur à un intérieur, une touche d’éclectisme et d’authenticité — et rend le tout infiniment plus intéressant.
Cela dit, j’ai un vrai faible pour le Rustic Wooden Bowl en bois d’olivier—surtout quand il est posé sur le quartz blanc de ma cuisine. Et j’adore aussi voir le Desert Table Runner sur ma grande table en bois : ça crée un contraste que je trouve absolument magnifique.
Quel est la pièce d’artisanat tunisien qui te suivra partout où tu iras ?
Cette question me fait sourire, parce que je réalise qu’en tant qu’expat ayant vécu dans plusieurs pays, certaines pièces m’accompagnent depuis mon tout premier studio d’étudiante en région parisienne.
Ce sont de petites céramiques achetées en Tunisie, et elles ne m’ont jamais quittée depuis.
Dans mon quotidien, surtout aux beaux jours et avec les enfants, j’ai aussi toujours une fouta avec moi : au parc, à la plage, dans la voiture… C’est à la fois pratique et élégant. Un vrai indispensable de ma vie nomade.
Pour constituer ton catalogue, est-ce que tu vas sur place ou as-tu une personne qui te sert de relai ?
Alors c’est un mix des 2. Pour rencontrer les artisan.e.s la première fois, comprendre à qui j’ai affaire et créer des relations durables, je préfère y aller ! et Ensuite, on opère à distance, online…
Et pour les coups de main occasionnels j’ai aussi un support system sur place, constitué de membre de ma famille. Ils sont en nombre, je suis chanceuse comme ça !
Comment fais-tu connaître ton site ?
De manière encore organique, je dois dire pour le moment. J’essaie de communiquer sur les réseaux sociaux, d’envoyer une newsletter mensuelle au minimum. ZOUZ IN a aussi eu la chance de faire l’objet d’articles dans Le French Morning et Le Petit Journal, édition de New York.
Est-il facile de faire venir de l’artisanat tunisien aux USA ?
Ha… peut-on vraiment définir le mot facile ?
Tout paraît plus ou moins compliqué la première fois, tu ne trouves pas ? Puis, à force, ça devient plus familier — donc « facile » sur le papier.
Ce qui reste complexe, en réalité, c’est de coordonner les communications entre tous les intervenants (artisans, transitaires, douanes…) et surtout d’anticiper les imprévus et erreurs, qui restent humaines. C’est le jeu.
Et pendant que je te réponds, il faut aussi prendre en compte le contexte politique et économique actuel. Je suis directement impactée par la temporary reciprocal tax de 10%, et l’incertitude qui l’entoure ralentit d’autres pans importants de mon activité — notamment le développement de la distribution B2B (retail).
Quels sont tes projets ?
Justement le développement du B2B est un objectif clé. J’ai un représentant commercial prêt à travailler avec moi, la demande est là, mais je ne suis pas certaines de pouvoir avancer dans le contexte fiscal actuel, car cela menacerait la rentabilité du projet.
Je travaille aussi sur un nouveau produit – mais je garde la surprise pour le moment !
Retrouvez toutes mes coordonnées ici : https://lebottinmondial.com/entreprises/zouz-in/