Comment as-tu créé JulietteC ?
Ayant eu des expériences variées dans l’horlogerie-joaillerie de luxe, je travaillais pour Vacheron Constantin à Genève quand mon mari a été muté à Dubaï. C’est à ce moment-là que je suis devenue maman et j’aspirais à être plus maître de mon emploi du temps. J’ai quitté le « corporate » et j’ai eu l’idée de créer ma marque de vêtements pour enfants : Jules et Juliette.
Après 4 ans nous avons déménagé à Singapour et j’ai créé une capsule pour femmes parce que les mamans me demandaient souvent de créer des modèles pour elles. Et peu à peu j’ai basculé sur une collection uniquement pour les femmes. C’est ainsi que Juliette C est née.
Qu’est devenue ta première marque ?
J’ai vendu Jules et Juliette à une personne à Dubaï qui avait pour elle beaucoup d’ambitions. Cela me touche beaucoup de savoir que la marque se développe et qu’ils ont gardé l’univers que j’avais créé, les vêtements signatures, etc. C’est une grande fierté bien sûr.
Quels sont les signes distinctifs de ta marque ?
J’ai, entre autres, deux pièces signatures : le jump suit et le bomber jacket que je revisite à chacune de mes collections. Je suis également passionnée par les broderies main et je travaille avec des artisans en Inde qui les réalisent pour la marque. C’est de plus en plus rare de trouver ce talent de brodeur et je tiens à le promouvoir et le mettre en valeur dans mes collections. En plus cela les fait vivre et je ne prends qu’une marge extrêmement réduite sur ces pièces très spéciales chères à produire.
J’ai également une gamme de bijoux. Venant du monde de la joaillerie, c’était un peu une évidence pour moi et elle est très complémentaire à mes lignes de vêtements.
Était-il compliqué d’ouvrir un business à Singapour ?
Les lois sont très protectrices de l’emploi. Dans le cas d’une grosse boite les autorités sont très accueillantes, mais pour les petites comme moi c’est plus compliqué. Au bout d’un an, il faut embaucher quelqu’un.
Comment gères-tu à distance ta boutique de Singapour ?
J’ai 3 personnes à Singapour : une manager qui s’occupe de la boutique, la gestion du stock, du merchandising, et gère les pop-ups, une fille à temps plein en boutique et une à mi-temps qui couvre les congés.
Quand j’ai quitté Singapour j’avais trouvé une Française qui est partie un an après moi. En plein Covid et coincée à Shanghai ça a été un gros stress ; j’ai dû trouver quelqu’un à distance et lui donner ma confiance sans la connaitre. J’ai eu énormément de chance de rencontrer cette polonaise formidable et qui est toujours là.
Tu vis maintenant à Shanghai : y as-tu déjà installé Juliette C ?
Nous sommes arrivés en Chine en août 2020 et j’y ai lancé la marque 9 mois plus tard. Je te passe les détails des obstacles dus à la pandémie… Depuis mon arrivée, une bonne partie de ma production est en Chine car c’est un outil extraordinaire. On peut tout faire en Chine : du bas de gamme très moche et du haut de gamme très très bien. J’ai trouvé des fabricants ici et je suis très contente de la qualité.
Je travaille avec des usines certifiées “sustainable” et qui font beaucoup d’efforts en termes d’écoresponsabilité. Beaucoup d’acteurs font attention et font des choses qualitatives. Mais c’est occulté par la mauvaise image véhiculée à cause de scandales tout à fait légitimes. C’est dommage qu’on ne voit que cela et pas l’autre visage de ce pays extraordinaire et plein de ressources.
Aujourd’hui où peut-on voir, acheter tes collections ?
J’ai un site e-commerce qui livre partout dans le monde (www.juliettec.com). J’ai également 2 boutiques en Asie, l’une à Shanghai et l’autre à Singapour. Mon but est maintenant d’essayer de me développer en Europe ou aux Etats-Unis via des agents.
Y a-t-il une expérience dans ton parcours d’entrepreneuse qui t’a particulièrement marquée ?
Il en a deux : La première a été l’ouverture de ma première boutique à Singapour. C’était un grand pas par rapport aux pop-ups. J’adore l’univers du retail : mettre en place un écrin où je peux exprimer la personnalité de ma marque et inventer une expérience client unique.
La deuxième a été mon défilé à Shanghai en avril 2021 à l’occasion du lancement de ma marque en Chine avec 150 personnes dans une galerie d’art, magique !