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Des films français récents projetés chaque mois

Arnaud de Fontenay est le fondateur de French Première, une société de programmation de films en salles de cinéma sur la côte Ouest aux Etats-Unis.

Comment t’est venue l’idée de French Première ? 

J’ai toujours travaillé dans l’univers du cinéma. Pendant 25 ans, j’ai été juriste pour des sociétés de production. J’ai notamment travaillé avec Pierre-Ange Le Pogam (ex associé de Luc Besson dans EuropaCorp) et Alain Chabat. Il y a six ans, ma femme Caroline a été mutée en Californie. Depuis maintenant six années, j’organise des projections de films français au lycée français de San Francisco qui a une très belle salle qui pouvant accueillir 300 spectateurs. Le succès est au rendez-vous, mais je dois gérer deux contraintes : la première ce sont les équipements ; et la seconde les contraintes de programmation de films adaptés à un jeune public. 

J’avais donc envie de me lancer de façon plus professionnelle. Je me suis appuyé sur plusieurs constats : les Français ici sont super informés sur les événements culturels français. Ils lisent la presse française, regardent et écoutent les grands médias nationaux. Il existe une frustration réelle de ne pouvoir profiter des sorties cinéma par exemple, en temps réel. Ensuite, le succès des événements tels que les San Francisco French Cinema Days en novembre 2023 est flagrant : plus de mille tickets de cinéma vendus sur une seul week-end. Le public est en demande.

Cela fait maintenant un trimestre que French Première existe et la formule fonctionne super bien.

Quelle est cette formule ?

Notre promesse : casser la frustration d’être surinformés sur les sorties cinéma et ne de pas pouvoir les voir. En recréant l’expérience cinéma, je propose une projection par mois d’un film français récent en VO sous-titré en anglais. 

A ce jour, je collabore avec trois salles de cinéma : San Francisco. Palo Alto et Oakland. L’activité est entre septembre et juin. Les mois d’été je fais une pause.

Quelle est la clé de ton succès ?

Du fait de mon métier de juriste, j’ai eu beaucoup de contacts dans le monde du cinéma et je sais où m’adresser et comment pour obtenir les droits de diffusion. En proposant un film par mois, cela crée un évènement sans saturer l’offre de divertissement. Le public adore sortir au cinéma. L’expérience en salle est tellement différente de celle de visionner un film à la maison ! Cela lui a beaucoup manqué et toute l’industrie du cinéma, finalement, retrouve des couleurs grâce à cette magie. Quand on va voir un film au cinéma, on se souvient dans quelle salle on l’a vu, à quelle époque, avec qui. Ce qu’on a fait avant et après. Fais l’expérience : demande-toi de quels films tu te souviens. Tu te rendras compte que ce sont quasiment tous des films que tu as vu en salle.

Quels éléments te font penser que le cinéma projeté en salles a encore de beaux jours devant lui ?

Les studios américains ont commis l’erreur pendant le Covid d’annoncer les sorties cinéma et de les rendre disponibles en même temps sur les plateformes. Ils ont dû faire marche arrière. Ils se sont pris un vent. A nouveau ils ont bloqué les licences pour les plateformes pour que les films aient le temps de « vivre sa vie » en salle, et que le temps de la promotion puisse se faire. Aujourd’hui même les grandes plateformes qui financent les grands films décident de les proposer d’abord en salle avant pendant un ou deux mois. (Napoléon, Killers of the Flower Moon) 

Qui est ton public ?

Étonnamment, autant français qu’américain. Les VO sous-titrées marchent très bien. Il y a beaucoup d’Américains qui sont fans des films français. Et j’arrive à coller à l’actualité. Par exemple, lors des San Francisco French Cinema Days, j’ai fait venir Elsa Zylberstein pour la présentation du film « Simone, le voyage du siècle » avec un débat après la projection et une réception privée. Elle a été très pro et très disponible. On sentait qu’elle éprouvait beaucoup de plaisir à présenter le film et échanger avec le public. Ça a été un gros événement dont les gens me parlent encore.

Quels films as-tu déjà projetés et quels sont les prochains ?

Il y en a eu beaucoup depuis six ans. L’an dernier aux San Francisco French Cinema Days (coorganisés avec deux Non-Profit : la French American Cultural Society et French Talent USA), j’avais projeté « Toni en famille » avec Camille Cottin, « Le livre des solutions » avec Pierre Niney ou encore « Les trois Mousquetaires – D’Artagnan » de Martin Bourboulon.

Prochainement il y aura « Le procès Goldman », César du meilleur acteur 2024, et « Second Tour » avec Cécile de France. Le mieux c’est de souscrire à notre Newsletter pour rester informé de la programmation. 

Quel est ton film préféré ? 

C’est « Brazil » de Terry Gilliam. Ce film oscarisé est sorti en 1985 et pourtant son thème est très contemporain. C’est une satire du monde moderne et des excès de la surveillance de nos sociétés qui offre plusieurs niveaux de lecture. J’aime beaucoup. 

Quels sont tes projets ?

L’idée c’est d’élargir l’offre à d’autres villes qui ne sont pas couvertes. Je ne demande qu’à créer des partenariats. Je suis légitime en Californie du Nord. J’aimerais essayer d’ouvrir au Nord de la Baie : à San Rafael, Sonoma, puis en Oregon, dans l’État de Washington et dans le Sud de la Californie, à San Diego. 

Si je devais embaucher une personne ce serait pour m’ouvrir des salles que je n’ai pas, car sélectionner et négocier les films, je sais le faire. 

As-tu une anecdote en particulier à raconter ?

Oui : quand j’ai projeté « le Monde Animal », la fin a donné lieu à un gros débat. Certaines personnes étaient très émues et d’autres un peu choquées. Une amie est venue me voir pour me dire qu’elle avait eu ces deux types d’émotions pour le film ; elle l’avait d’abord vu dans l’avion et n’avait pas du tout aimé. En le voyant au cinéma elle a adoré. Comme quoi, l’expérience en salle n’a rien à voir. CQFD !!!

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