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Des œuvres qui vous font voyager dans le temps et dans l’espace

Olivia de Saint Luc, est artiste-designer. Elle habite en Papouasie-Nouvelle-Guinée et nous explique ce qui l’inspire dans ce pays si singulier.

Quel pays t’a le plus inspirée ?

C’est difficile à dire car chacun des pays m’a inspirée de manière différente. La Papouasie-Nouvelle-Guinée est sans doute au-dessus des autres parce que par beaucoup d’aspects c’est un pays incroyable. Je viens de passer 3 jours dans la montagne. Au niveau inspiration c’est tout à fait exceptionnel.

J’imagine que ton musée préféré est le Musée des Arts Premiers à Paris ?

Absolument : je suis une grande fan. Juste avant de venir nous installer ici, le responsable des collections d’Océanie a eu la gentillesse de nous faire visiter les collections. Sa passion communicative nous a donné envie d’aller découvrir le pays, d’autant qu’il avait lui-même vécu 12 ans en Papouasie. 

Qu’est-ce qui rend La Papouasie-Nouvelle-Guinée si riche en artisanat ?

Il faut bien se rendre compte que c’est un pays extrêmement singulier. Ses 12 millions d’habitants (Selon certaines estimations car le recensement est impossible à réaliser vu la géographie du pays) se répartissent en de nombreuses tribus, indépendantes les unes des autres. Quand on dit « indépendantes », c’est même pour certaines totalement coupées du reste. Un chercheur a ainsi découvert que deux tribus éloignées de quelques kilomètres seulement ne partageaient aucun gène. Il y a 851 langues identifiées, et autant de coutumes, croyances, rites différents. Certaines tribus vivent comme à l’âge de pierre. Ils utilisent les matériaux à leur disposition dans leur nature sauvage et exubérante et leurs représentations picturales utilisent ces matériaux et des couleurs très vives, avec des pigments évidemment naturels. Beaucoup d’objets et de masques sont créés et utilisés pour des cérémonies et des rites ancestraux.

Est-ce que certains artisans font commerce de leurs créations ?

Certains oui, mais beaucoup d’objets qui revêtent un intérêt esthétique pour nos sensibilités occidentales ne devraient pas être sortis de leur contexte tribal. Quand nous avons fait la visite du Musée du Quai Branly, notre guide nous a expliqué que certains objets, des masques notamment, ne seraient jamais exposés car ils dégagent une forte charge mystique. Cela rejoint ce qu’on m’a rapporté : des masques qui avaient été mis dans des chambres ont dû être retirés parce que les habitants n’arrivaient pas à dormir.

Pour en revenir au « commerce » de l’artisanat, bien sûr il y a des pièces neuves qui sont fabriquées et vendues. J’ai d’ailleurs travaillé avec une organisation australienne qui avait développé des partenariats avec 300 artisans pour exporter les objets dans le monde entier. Malheureusement la fondatrice est décédée brutalement et personne n’a repris le flambeau. Il est aujourd’hui difficile de se procurer des objets anciens. Stockés dans les villages, la durée de vie des matériaux est très courte : quelques années pour les plumes et une dizaine d’années pour le bois. Les maisons ou monuments en bois comme les maisons des Esprits sont en train de disparaitre les uns après les autres, faute de rénovation et d’entretien. 

Sur quoi travailles-tu en ce moment ?

N’ayant pas les outils nécessaires, je ne fabrique pas de meubles ici. Je me consacre à la sculpture et au tissage. J’ai souvent plusieurs œuvres en cours. J’ai besoin de les penser, de les laisser, d’y revenir. Et puis j’aime bien changer de matériau parce que travailler l’acier est physiquement exigeant.

Ce qui m’intéresse c’est d’utiliser ce que je trouve localement. Mettre en valeur les richesses de la nature. J’utilise surtout du bois, et des fibres végétales. J’ai mis l’acier de côté pour le moment, d’autant que je n’ai apporté ici ni mon enclume ni mon fer à souder !

Toujours avide d’apprendre de nouvelles techniques, j’aimerais apprendre le travail du verre et de la céramique. Je pourrais passer toute ma vie à apprendre !

En parlant d’outils, quel est ton outil favori ?

Le ciseau à bois, le travail à la main. C’est ce qui me procure le plus de plaisir et de sensations. Par contre ça coupe fort ! Il faut faire attention. 

Où peut- on voir et acheter tes œuvres ?

J’ai un site internet, oliviadesaintluc.com et des comptes sur Instagram. Je travaille également avec G&O Art (https://www.goartonline.com), des agents New-yorkais. J’ai toujours exposé lors de nos expatriations car je suis curieuse de savoir comment sera accueilli mon travail. J’ai aussi besoin de vendre pour payer mes frais et aussi parce que c’est mon métier ! J’ai également besoin d’avoir une reconnaissance de mon travail. Ça me sert de moteur. Et puis il faut que je fasse de la place ! Ici c’est compliqué, je n’ai pas trouvé encore l’occasion d’exposer, même si quelques personnes me sollicitent. Mon problème, c’est que je suis toujours entre 2 mondes : si je voyage en France je vais rapporter des œuvres pour pouvoir exposer régulièrement en France et ne pas me faire « oublier », ce qui n’est pas facile en termes de logistique. En ce moment par exemple je participe à un parcours d’artistes en Bourgogne. Six de mes sculptures sont exposées dans une grande cave viticole et un hôtel de Beaune. J’aimerais trouver un agent en France pour m’aider à commercialiser mon travail.

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