Comment est née Doucea ?
Elle est le résultat de mon parcours et de mes aspirations. J’ai travaillé pendant vingt ans pour des grands groupes de cosmétique en Amérique Latine, au Moyen-Orient et en Asie, à des postes variés et complémentaires. Avec mon mari et nos trois enfants nous vivons depuis douze ans en Chine. Notre fille Elisa est née avec une dermatite et je ne trouvais pas de solution cosmétique adaptée à son cas et son jeune âge. J’ai donc eu l’idée de mettre mes compétences et expériences professionnelles à son service, et ma marque Doucea est née.
Comment est-ce que tu as conçu ta gamme ?
Mon tout premier « produit » était un « bricolage ». J’avais trouvé lors d’un voyage un joli pot d’une marque cosmétique hyper stylisé (rose et doré) et j’y ai transféré la crème de soin que ma fille utilisait à l’époque, mais pas assez souvent. Elle a été séduite et a développé une routine de façon indépendante. C’était une des clés de la solution : présenter le soin dans un packaging qui donne envie.
J’ai fait des ateliers ludo-pédagogiques avec plus de quatre cents enfants dans des écoles. J’ai recueilli leurs commentaires sur l’ergonomie, les odeurs, les couleurs. Ensuite j’ai formulé les produits avec des ingrédients venant majoritairement de France, avec une formulation en France. Pour le marché chinois la production se fait en Chine.
Tu imagines bien, que chaque pays a sa législation dans le domaine des cosmétiques : c’est un gros travail, mais j’apprends beaucoup et je suis fière de pouvoir montrer que c’est possible et que ce ne sont pas des obstacles insurmontables.
Aujourd’hui nous avons une gamme de quinze produits en Chine et sept en France.
Quelles sont les spécificités de Doucea ?
Nos ingrédients sont naturels, sourcés avec beaucoup de soins, et surtout, la grande nouveauté c’est qu’ils sont présentés dans des contenants ludiques et écologiques.
Ludiques, parce que pour que les enfants éprouvent du plaisir à inscrire un soin dans leur routine, il faut que ce soit amusant et attirant. Je l’ai bien vu avec notre fille. Je ne sais pas si tu connais le système de pompe à vide d’air, mais c’est vraiment très chouette à utiliser. Et les flacons peuvent servir en décoration dans la chambre ou la salle de bains. Ils ressemblent plus à des objets de collection qu’à des solutions de parapharmacie traditionnelle.
Et puis écologiques, parce que les contenants sont rechargeables. On choisit parmi les trois modèles et il n’y a plus qu’à remplir à chaque fois avec une nouvelle recharge. Pour chaque marché, tout est fabriqué dans chaque pays. A Hangzhou en Chine et en Normandie en France.
Comment sont distribués vos produits ?
En Chine ils sont vendus en magasins et en ligne. Étant données les caractéristiques du marché chinois, la présence en ligne est incontournable. Le graal c’est de parvenir à être référencés par des mamans influenceuses sur la plateforme Timol. On n’y est pas encore, mais on a une présence de plus en plus importante sur le site Tao Bao qui est le « petit frère » de Timol.
En France nous avons 17 commerciaux multimarques qui nous représentent auprès des pharmacies et parapharmacies.
Quel est le produit de la gamme que vous vendez le plus ?
C’est la couronne avec la crème pour les peaux sensibles. Les mamans chinoises ont bien compris le principe et elles adhérent. Souvent, nos crèmes sont offertes pour des anniversaires ou des fêtes. En plus d’être efficace et naturelle, c’est souvent considéré comme un joli cadeau. C’est ce qui différencie Doucea : une marque à la fois soin et cadeau.
Ce qui m’intéresse aussi c’est de toucher les ados et pré-ados. Les garçons n’ont pas beaucoup d’offre à leur disposition. C’est un segment que je cherche à étudier. Et puis par extension, je voudrais offrir une gamme complète pour toute la famille.
Est-ce que les pathologies dermatologiques varient entre la Chine et la France ?
Non, les pathologies sont les mêmes. Ce qui est différent c’est que depuis une dizaine d’année, des pathologies qui étaient rares en Chine deviennent de plus en plus nombreuses : acné et eczéma notamment. A tel point qu’il y a un gros déficit de dermatologues dans le pays. Il faudra des études scientifiques pour en déterminer les causes, mais les suspicions sur les changements dans les habitudes alimentaires, l’augmentation du stress et de la pollution sont très fortes.
Quels sont tes axes de développement ?
Avec les trois autres membres de mon équipe et les freelances auxquels on fait appel, nous voulons toucher les familles et nous agrandir à l’export, vers Singapour, Dubaï et la Corée du Sud.
As-tu une anecdote à raconter ?
Après coup, je pense que la pandémie m’a poussée à nous développer sur le marché Chinois en premier. C’est assez original : normalement on lance une marque en France, on la développe pendant 5 à 10 ans, puis on se lance à l’international. Là c’est une marque française qui s’est d’abord développée en Chine et qui arrive en France. Peut-être qu’aujourd’hui je serais encore en train d’étudier la stratégie pour percer en Chine, alors que là j’ai été poussée et j’ai dû me défier.