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L’artisanat de luxe existe aussi en Chine

Isabelle Lovisi est la créatrice de Maison Germaine, une marque de maroquinerie et d’accessoires de fabrication artisanale chinoise qui va vous surprendre.

Qu’est-ce que Maison Germaine ?

C’est la marque d’accessoires et sacs que j’ai fondée en 2019 à Shanghai. Tout est réalisé de manière artisanale par des artisans de talent à partir de fins de stocks de cuirs et matières. Nos modèles sont uniques. Mon associée actuelle, Aude, a rejoint l’aventure en 2020. 

Comment as-tu eu cette idée ?

Je viens de la finance, univers dans lequel j’ai passé 25 ans. Pendant mes loisirs, j’ai toujours chiné (ha, ha) sur les marchés, et toujours été curieuse de ce que font les artisans. Et j’ai toujours eu un œil comme on dit pour les couleurs et les matières. J’ai vécu au Cameroun et au Gabon où je pense ma sensibilité s’est encore accrue. Quand je suis arrivée à Shanghai je passais mon temps libre sur les marchés et j’ai découvert un peu par hasard des artisans et leur travail. En 2016 je commençais à concevoir des modèles et à les faire fabriquer. Recevant un accueil positif de plus en plus large de mes articles, en 2019 j’ai quitté mon poste dans la finance et j’ai lancé ma boite, en la baptisant du prénom de ma grand-mère qui était très élégante et qui a été essentielle dans ma vie et d’une grande inspiration. 

Comment tes articles sont-ils vendus ?

Nous avons un showroom à Shanghai avec une employée. J’ai plusieurs boutiques qui distribuent nos créations, dont une dans ma ville d’origine, Menton. Et bien sûr nous avons une boutique en ligne. Nous essayons de nouer des contacts sur New-York où je vis désormais pour être aussi représentée.

Qu’est-ce qui fait la spécificité de la Chine en matière d’artisanat ?

C’est vrai que lorsqu’on parle de La Chine aujourd’hui on a l’image d’usines démesurées et d’ouvriers maltraités. Or, il y a une richesse artisanale séculaire, avec des savoirs qui se sont transmis sur des générations. Malheureusement il est occulté par la production de masse. Je crains que tous ces savoirs ne se perdent un jour si on n’y prend pas garde.

Comment travailles-tu avec des Chinois ?

Pour moi le contact a été hyper facile et rapide. J’ai appris à lire et à parler dès mon arrivée. Parler en chinois ouvre les portes. Les Chinois sont très sensibles à cela. La confiance dans les rapports humains et de commerce est fondamentale pour eux. Ils accordent beaucoup d’importance à l’empathie dans leurs relations professionnelles, un peu comme les Français d’ailleurs ! Et les relations que j’ai établies avec eux sont si fortes que quand je suis retournée 5 mois après être partie, tous les gens que je côtoyais ou croisais régulièrement m’ont réservé un accueil chaleureux. C’était hyper touchant.

De quoi es-tu la plus fière ?

Nous avons deux artisans et une employée qui travaillent à plein temps pour nous. Nous arrivons à les faire vivre de leur travail, et humainement c’est une grande fierté. Nous avons aussi réussi à nous faire une petite notoriété locale et pour moi c’est une reconnaissance précieuse et valorisante de notre travail.

As-tu une anecdote à raconter ?

Forcément, l’aventure entrepreneuriale regorge d’anecdotes. Je crois que celle qui a été unique c’est pendant le lock down du Covid. J’avais beaucoup de stock (toute la ville étant fermée) et il fallait que je trouve une idée pour écouler les marchandises. J’ai posté régulièrement des photos sur le site internet et ça a généré énormément de commandes. Mais je n’habitais pas dans un endroit qui me donnait accès au showroom. Avec la complicité d’une dame qui vivait dans “le bon” bloc, et de mes adorables gardiens m’ayant laissée sortir, je suis allée avec un vélo équipé d’un grand siège pour habituellement véhiculer des enfants, à l’entrée du showroom et la dame me passait mes produits par-dessus. Ensuite je faisais mes livraisons en scooter. C’était lunaire, car je me retrouvais dans Shanghai quasi déserte. 

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