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Un garage automobile qui en a sous le capot

Laetitia et Yann Tisserand sont les propriétaires et dirigeants du garage automobile Desert Dawg Auto Repair à Phoenix en Arizona. Leur parcours est ambitieux et réussi.

Cela fait 5 ans que vous avez commencé votre aventure américaine, où en êtes-vous ?

Vous avez peut-être suivi nos aventures : dans un numéro de Grands Reportages sur TF1 en 2019, (https://youtu.be/8zuk0S5qItQ?si=sNmRqKul7w7olli5) puis dans un autre de Échappées Belles en 2022 (https://youtu.be/TViAZ94-pzQ?si=PCpMnpO9qMOUB7kq).

Eh bien nous venons de recevoir notre Carte Verte !!! Et notre garage s’est diversifié : nous entretenons et réparons toutes les marques de voiture.

C’est cela qui est absolument remarquable dans votre aventure : venir aux USA, le pays de la voiture, pour acheter un garage et se faire un nom en tant que Français ! Comment avez-vous fait ?

A la base nous avions tous les deux une passion « cachée » pour les voitures. En cherchant à acheter une entreprise à Phoenix (Arizona) nous avons visité pas mal d’options, et puis on a rencontré un garagiste qui voulait prendre sa retraite. C’est le projet qui nous a le plus séduit. Nous nous sommes accordés pour que le vendeur reste à bord pendant deux ans, afin de prendre le relai en douceur. Et 5 ans après, nous avons réussi à bâtir une réputation solide : nous avons des clients qui viennent de vraiment loin pour faire entretenir et/ou réparer leurs véhicules chez nous, et nous sommes obligés de refuser des clients, faute de temps.

Quelle a été votre stratégie ?

Déjà, nous avons fait profil bas : on ne voulait pas du tout arriver en terrain conquis. On a été patients, observateurs et on a énormément travaillé. Ce qui a bâti notre réputation c’est aussi notre attitude commerciale : nous prenons le temps d’expliquer aux clients leurs pannes et nous ne surchargeons jamais nos devis. On a des clients qui nous montrent les devis qu’ils ont eu ailleurs : ils se voient chargés de pièces ou services dont ils n’ont absolument pas besoin. Du coup les clients nous font confiance et nous envoient leurs amis. Nous ne faisons plus aucune publicité. Notre meilleur média marketing c’est notre carte de visite. 

Un truc amusant, c’est quand on compare les avis sur google d’année en année. La première c’était « heureusement que Al (l’ancien propriétaire) est encore là », la deuxième « Le Français est gentil, Al l’a bien formé », la 3eme année : « il n’est pas si mauvais ce con de Français ». Et maintenant : « il ne faut faire confiance qu’à Yann, c’est le meilleur ».

Tout quitter en France où vous étiez manageurs, entrepreneurs a été un choix radical et délibéré. Pourquoi ?

Ça a été le résultat d’un ras-le-bol puissant. Comme tu dis, nous avions un supermarché florissant que nous avions racheté, désendetté, réorganisé et remis sur les rails après un travail énorme et des sacrifices personnels (6 jours voire 7 jours/7, très peu de congés). Ce sont accumulés plein de bâtons dans les roues : normes de plus en plus strictes sans aucun outil pour les appliquer, personnel de plus en plus exigeant et démotivé (et démotivant), incivilités, vols, vandalisme. Nous faisions travailler une quinzaine de personnes et on n’avait aucune reconnaissance, ne serait-ce que verbale. On était juste vus comme des patrons qui veulent s’en mettre plein les poches. Ça nous a saoulés et Yann a même fait un grave burn-out qui aurait pu le consumer totalement. 

Comment est venue votre décision de vous tourner vers les USA ?

On voyait deux voies possibles : réinvestir dans le supermarché pour maintenir le chiffre, ou vendre et chercher un autre projet. En allant sur internet on a trouvé plusieurs contacts d’agent d’immigration pour les USA. La seule qui nous a répondu et qui a montré un intérêt sincère pour notre démarche a été Vanina Joulin Batejat de USAFrance. Grâce à ses conseils éclairés et son expertise on a entrepris les démarches pour venir investir et nous installer ici.

Cette aventure, vous l’avez vécue à 4 avec votre fils Duncan et votre fille Doriane. Comment l’ont-ils vécue ?

Note fils va rentrer à l’ASU (Arizona State University) et poursuivre ses études. On pensait qu’il irait en France, mais il a choisi de rester ici. Quant à Doriane elle est complètement américanisée ! La chose qui leur manque le plus, comme à nous, c’est la cuisine française !

Qu’est-ce que vous changeriez aujourd’hui pour que votre aventure soit plus facile ? 

Deux choses : si on avait su que tout allait aussi bien se passer, on aurait pris un peu plus de temps pour nous entre la vente de nos actifs en France et le début de nos activités ici. 

Et puis, avant de vendre notre maison en France, on aurait dû demander un prêt à notre banque pour acheter une résidence secondaire à Phoenix. Cela nous aurait permis d’investir tout de suite et de ne pas perdre en loyers qui sont assez élevés et qui augmentent tous les 6 mois. Cela nous aurait fait économiser sur nos finances. 

Qu’est-ce que vous préférez dans votre nouvelle vie ?

En termes de qualité de vie, on a plus de temps pour être avec nos enfants. On ne travaille plus les week-ends. Aussi, tout est propre, calme. Le climat est sympa. On ne connait plus d’incivilités. On reçoit même, et cela ne nous était encore jamais arrivé, des cadeaux de clients. On se sent soutenus. Pendant le COVID on a reçu 40 000 dollars d’aide de l’État. Ça nous a vraiment aidés. 

Est-ce que vous avez une anecdote en particulier à raconter ?

On en a beaucoup, surtout au début où on baragouinait l’anglais comme des vaches occitanes. La première fois où Yann a décroché le téléphone parce que notre assistante s’était absentée, il a parlé à une dame et lui a demandé son nom. Elle le lui a épelé (BURZUSKI) et il n’a rien compris, même pas une lettre. Heureusement la dame a pris cela en rigolant et lui a dit « ne vous inquiétez pas, on va y arriver ». 

Une autre fois, on voit arriver un monsieur avec son fils dans un gros pick-up. Le genre cow-boys dans leur panoplie parfaite. On leur fait un changement d’huile et puis ¼ d’heure après leur départ le monsieur nous appelle et dit à Yann, tentant d’utiliser ses talents en français « Bonjour mon chéri, I have a problem with my truck. It is k-put ». La rigolade quand je lui ai expliqué ce que Mon chéri voulait dire ! 

Et puis ce qui est sympa c’est qu’on est devenu une attraction touristique pour les Français en voyage. Ils viennent nous saluer parce qu’ils nous ont vu dans un reportage.

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