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Une artiste du verre et de la porcelaine

Gabrielle Callahan a un parcours peu ordinaire : elle est céramiste et verrier vitrailliste, spécialiste de la peinture sur verre.

Comment es-tu devenue verrier vitrailliste ?

J’ai passé un an en Angleterre pour améliorer mon anglais et à 19 ans je suis allée à l’école internationale de vitrail et de création en Suisse à Sion dans le canton du Valais. C’était une toute petite école et nous étions une vingtaine d’élèves : de quoi bien apprendre le métier. 

Sur quels édifices as-tu travaillé ?

Mon premier travail était à Bourg en Bresse dans un atelier où j’ai fait de la restauration de vitraux du 15e siècle. Ensuite j’ai surtout travaillé sur des églises du 19ème siècle. J’ai participé à la restauration du monastère royal de Brou. J’ai ainsi pu travailler sur des vitraux de toutes époques. 

A Atlanta, J’ai entre autres fait des restaurations dans les mausolées, au cimetière d’Oakland.

L’édifice qui m’a le plus touchée c’est mon premier travail à Atlanta : il s’agissait de restaurer les médaillons des vitraux de l’église Ebenezer, celle de Martin Luther King. Les vitraux avaient été la cible de tirs de balles. Je n’ai pas cherché à savoir qui avait pu en être les auteurs. En tout cas j’ai eu cette chance de pouvoir apporter mon travail à cet édifice et j’en suis très heureuse. Avec une amie qui travaillait avec moi nous avions gardé chacune un médaillon abîmé en souvenir. Elle a perdu le sien et je lui ai donné le mien pour la consoler. Je ne sais pas si elle l’a toujours.

Comment es-tu venue à Atlanta ?

En fait mon père était américain. Je lui rendais visite et puis il m’a trouvé mon premier job. J’ai envoyé des photos de ce que j’avais fait et ils m’ont engagée sur le champ. 

Je travaillais pour un atelier au Sud d’Atlanta qui a fermé depuis. C’était assez cocasse car il faisait partie d’une église orthodoxe qui était propriétaire de cet atelier de restauration de vitraux. Les locaux étaient une ancienne loge maçonnique. A l’époque il y avait deux patrons et six employés. L’un de mes patrons essayait tous les jours de me convertir à sa religion, gentiment. J’étais la seule française et donc la seule qui était allée dans une école spécialisée. Tous les autres s’étaient formés sur le tas.

Aujourd’hui est-ce que tu travailles encore sur du vitrail ?

Je n’en ai plus l’occasion. Je peints sur le verre, comme l’oiseau qui est en photo ci-dessus, et je sculpte de la porcelaine. 

Quelle est ta couleur de verre préférée ?

Pour ma peinture sur verre je préfère pendre sur du verre transparent. Dans la restauration de vitraux, on travaille avec des verres soufflés colorés. Pour recopier une couleur existante j’utilisais des émaux. A part le challenge de devoir retrouver les couleurs d’origine, la technique du vitrail est la même depuis des siècles.

D’ailleurs, si cela vous intéresse et que vous avez l’occasion d’aller à Saint Etienne, allez visiter l’atelier de souffleur de verre à Saint Galmier. C’est fascinant : vous verrez la façon traditionnelle de créer des plaques de verre à partir de tubes en verre soufflé. Aujourd’hui la fabrication est industrielle avec du verre en fusion qui coule sur de l’étain liquide. Heureusement qu’il y a encore des gens qui connaissent et pratiquent les méthodes traditionnelles.

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton métier ? 

La peinture, peindre le verre. Ça combine le contact, le montage : c’est très complet. 

Maintenant je suis céramiste. J’ai toujours fait des dessins de nus et j’ai toujours voulu faire de la sculpture. En 2017 j’ai pris des cours avec une amie. Et le fait de dessiner m’a beaucoup aidée pour apprendre l’anatomie du corps. Avant le covid j’avais dit à ma famille que je voulais travailler la porcelaine. Au début du confirment ma fille m’a fait la surprise de m’apporter un bloc de porcelaine. Je n’ai pas tellement eu le temps de me plaindre du confinement ; j’avais trouvé ma matière ! Je n’utilise pas de tour. Je sculpte et peints toutes mes pièces uniquement á la main. J’aime le contact avec cette matière que je trouve très douce et ronde. 

Ce que j’aimerais c’est trouver de la porcelaine bone China. C’est la plus fine qui existe. Elle est presque transparente. 

Où trouve-t-on tes créations ?

J’ai une page sur Facebook et une autre sur Instagram mais je ne fais pas d’expéditions. Je cherche des points de vente. Je propose aussi de faire ses propres créations : je donne des cours chez moi, mais je le fais uniquement de façon amicale.

As-tu une anecdote à raconter ?

Figure-toi que quand je travaillais sur la restauration des vitraux à Brou, on s’était rendu compte que ce qui les abimait étaient de petits trous et on ne comprenait pas d’où ils venaient. Jusqu’à ce qu’une religieuse voie le gardien qui tirait à la carabine sur les pigeons pour les chasser. C’est lui qui s’est fait chasser finalement !

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