Peux-tu nous raconter ton parcours ?
J’ai toujours aimé l’art. Mes parents me racontaient que petite, quand je rentrais dans les églises par exemple, j’étais attirée par les sculptures, les peintures, devant lesquelles je restais « scotchée ». J’ai toujours dessiné. Sur mes bulletins scolaires, les commentaires étaient : « bonne élève mais dessine trop ». J’ai donc suivi une scolarité « classique » et eu un Master de sciences et technique en commerce extérieur à la Sorbonne.
Une fois mes études terminées je voulais aller aux USA. Mais il se trouve que ma maman est polonaise et je connaissais bien ce pays où on avait de la famille. Le pays était en pleine mutation, alors j’ai choisi de m’y installer. J’ai eu une opportunité de travailler dans la pub. Être bilingue a été un super atout. Finalement j’y ai passé 18 ans avant d’arriver aux USA, la première destination qui me tentait.
Quelle est ta formation artistique ?
J’ai fait une année préparatoire aux Beaux Art de Varsovie. Tout m’intéressait et ce qui me tentait le plus était le métier de conservateur qui requérait 6 ans d’études intenses. Ce n’était pas du tout compatible avec ma vie de directrice d’agence de communication et de maman. J’ai donc continué à me former toute seule en m’inscrivant à des cours ciblés. Et j’ai fait quelque chose de vraiment incroyable et unique qui m’a marquée pour toujours : des voyages avec des professeurs de peinture sur le thème des carnets de voyage. Je suis partie en groupes de passionnés au Maroc, à Bali, au Japon. On visitait et on peignait tout le temps. C’était inspirant et riche. J’ai adoré.
Pourquoi avoir finalement choisi la peinture ?
Au départ je ne savais pas choisir entre la peinture et la photographie. J’avais un ami photographe à qui j’ai montré ce que je faisais. Il m’a dit « laisse tomber la photographie et concentre-toi sur la peinture ». Voilà à quoi ça tient parfois : un ami honnête qui ose dire ce qu’il pense. Il m’a bien rendu service !
Comment as-tu commencé à vendre tes tableaux ?
Tout a démarré avec une connaissance qui m’a demandé de contribuer à une levée de fonds pour une école qui avait tout perdu en donnant un de mes tableaux. A l’époque il y avait eu des inondations terribles en Pologne. J’ai fait un tableau sous forme de collage, exprès pour cet événement. Avant la mise aux enchères j’avais fait promettre à mon compagnon de l’époque de mettre une offre à 1000 Zlotys, pour que cette école récolte au moins cela grâce à mon tableau. Et la vente commence : les enchères montent, montent ; il a été adjugé à 47 000 zlotys. Je n’en revenais pas et j’ai pleuré à chaudes larmes tellement j’étais émue. Avec une telle somme, je savais que l’école allait pouvoir couvrir tous ses besoins. Mon premier tableau vendu ! Je me suis dit : il faut que je continue dans cette voie. Ce que j’ai fait. Les mois qui ont suivi, toutes les planètes ses sont alignées et j’ai rencontré plein de gens : des groupes d’artistes, des galeries, des commissaires d’expositions. J’ai été acceptée au sein de la Société d’artistes polonaise.
J’ai fait ma première exposition individuelle quelques mois après. 14 ans plus tard j’ai participé à plus d’une centaine d’expositions : au Japon, en Corée du Sud, à Londres, en Lituanie, en France, en Allemagne et aux Etats-Unis. Souvent ce sont des expositions collectives avec un thème.
Où peut-on voir tes tableaux ?
J’ai un studio à Western Avenue Studios à Lowell, MA. C’est un ancien bâtiment en brique rouge sur 4 étages qui héberge 300 artistes. Tous les 1ers samedis du mois ils organisent des portes ouvertes. J’ai aussi un site internet et une page Instagram.
Est-ce que tu arrives à combiner tes deux métiers de peintre et agent immobilier ?
C’est amusant que tu penses à me demander cela ; il se trouve que oui ! Récemment il nous manquait un tableau pour une maison qu’on avait à la vente. J’ai exposé un de mes tableaux et il s’intégrait parfaitement dans le décor. Il a été vu par un promoteur immobilier qui m’en a commandé pour la mise en scène de ses appartements à la vente à Boston.
Quels sont tes projets ?
Avec un collectif d’artistes je suis en train d’organiser une exposition itinérante sur le thème « Wonder Women Now ». Plus précisément sur la résilience des femmes victimes de violences conjugales.