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Une association pour les victimes de violences conjugales

Sandrine Calhoun est juriste bénévole pour l’association Save You, qui aide les Français de l’étranger victimes de violences conjugales. Juriste en droit des victimes elles nous explique comment fonctionne Save You et ce que chacun peut contribuer à faire.

Dans quel contexte a été créée Save You ? 

La plateforme Save You est un satellite de l’association The Sorority (https://www.jointhesorority.com) qui a été lancée en octobre 2022. La fondatrice de The Sorority, Priscillia Routier-Trillard y pensait déjà̀ depuis un petit moment.
Pour ma part, dès mon arrivée en Californie en décembre 2021, j’ai voulu continuer à aider les victimes et particulièrement celles françaises de l’étranger. J’ai ainsi ouvert l’antenne locale du Réseau Main Dans la Main (association basée à San Francisco) avec le soutien du consulat de Los Angeles.
C’est comme cela que, de fil en aiguille, et de connexions communes sur LinkedIn, je me suis greffée au projet de création de la plateforme Save you, dès juin 2022. Et depuis, je suis toujours là ! 

Comment fonctionne la plateforme pour une victime qui vous saisit ?

● Demande par mail :  saveyou@jointhesorority.com

● Demande par formulaire en ligne : https://www.jointhesorority.com/saveyou

● Réponse de Priscillia qui demande des info et pièces complémentaires si besoin et envoi de la fiche à remplir 

● Ouverture d’un groupe de discussion (par moi) entre la victime, l’écoutante qui sera son interlocutrice privilégiée, Priscillia et moi 

● En fonction des demandes, nous pouvons soutenir la personne, la réorienter, l’aiguiller dans ses démarches administratives, sociales, judiciaires… 

Après seulement deux ans d’existence, quel impact a eu Save You ?

Save You est la première plateforme à avoir été créée qui couvre tous les pays. Nous bénéficions d’une grande visibilité à travers The Sorority qui compte 110 000 membres et tous nos soutiens : associations, médias, administrations, institutions.

Nous recevons entre 5 et 10 saisines par jour. En deux ans nous avons aidé plus de 250 familles. Et nous sommes une équipe de 20 personnes écoutantes et bénévoles, réparties sur tous les continents.

A propos de votre équipe, qui en sont les membres et comment opérez-vous ? 

Toutes nos écoutantes bénévoles sont des femmes pour le moment, issues de formations professionnelles variées : social, psycho, juridique, ressources humaines, coaching, santé et toutes formées à l’écoute active.
Nous avons aussi un psychologue qui compose notre équipe de bénévoles écoutantes et moi donc en tant que juriste (pour les situations qui relèvent plus du juridique ou pour expliquer certains points de procédures aux écoutantes) 

Est-ce qu’une personne qui appelle à l’aide peut être mise en contact avec un membre de votre équipe qui n’est pas sur son territoire ? 

Oui, bien sûr !! Et heureusement !! C’est la force aussi de notre plateforme et de notre réseau.
La communauté des français de l’étranger est en réalité un “petit village” où tout le monde se connaît ou connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un …Donc oui, si pour une raison ou une autre (l’écoutante connaît la victime, un membre de sa famille, fréquente les mêmes associations ou écoles…) on peut lui attribuer une écoutante d’une autre zone. 

Quels sont vos besoins de bénévoles écoutantes ?

Toutes les bénévoles sont réparties par zone géographique. Donc idéalement , il nous faudrait une écoutante par zone, voire par pays.
Par exemple, pour ma part, lorsque j’étais aux US, j’étais écoutante zone Amérique c’est-à-dire US/Canada/Amérique du Sud. Ce serait parfait d’en avoir une pour chaque zone. 

Si une personne veut devenir bénévole, quels critères doit-elle remplir ? 

Si quelqu’un nous écoute et souhaite nous rejoindre : avec plaisir !! Les deux seules conditions : avoir déjà au moins une expérience d’expatriation et être formé à l’écoute active. Nous pouvons dispenser des formations complémentaires sur la réalité des violences conjugales dans le cadre de l’expatriation et les points sur lesquels il faut faire particulièrement attention.

Les volontaires peuvent envoyer une demande et un CV. Priscillia et moi pouvons ensuite recevoir la personne en entretien zoom. 

Parmi les dossiers que vous traitez, quel est le type de violence qui est le plus fréquent ? 

On parle de plus en plus de violences conjugales et donc on sait que cela est beaucoup stigmatisant qu’avant pour les auteurs de violences.
De ce fait, les auteurs de violences, qui ne veulent surtout pas qu’on sache qu’ils sont des conjoints violents, vont user de beaucoup plus de psychologie et de stratagèmes qu’avant … Concrètement, même si nous avons des cas de violences physiques, les violences psychologiques, administratives et économiques sont bien plus présentes. Les mécanismes d’emprise et de contrôle coercitifs sont bien souvent les mêmes et sont utilisés même après la séparation du couple … Nous avons d’ailleurs beaucoup de situations complexes concernant les enfants et les risques de déplacements illicites de mineurs. 

Les victimes sont-elles de tous âges et de tous sexes ? 

Oui, de tous âges et sexes même si les femmes sont bien plus souvent victimes que les hommes, en règle générale et en expatriation. 80% des femmes en expatriation sont « conjoints suiveurs » et c’est là le cœur du problème dans les couples où règne la violence. 

Nous avons des familles dans lesquelles l’auteur des violences est à l’origine de l’expatriation car il travaille dans un grand groupe, dans une grande administration, pour une grande école,… mais aussi des familles issues de niveau socio-professionnel plus humble et/ou qui vivent dans leur pays d’accueil depuis très longtemps…

Est-ce que des enfants peuvent faire appel à vous ? 

Nous avons déjà eu des saisines par des enfants mineurs. Pour autant, en règle générale, nous demandons une mise en relation directe avec la personne victime pour s’assurer de sa propre volonté, valider sa situation et vérifier le soutien qu’elle demande.

De quoi avez-vous le plus besoin aujourd’hui ? 

Nous sommes officiellement reconnus par nos partenaires institutionnels et associatifs : MEAE, DIAV, France Victime et Mémo de vie, …Pour autant, nous sommes toutes entièrement bénévoles depuis octobre 2022. Donc un soutien financier serait un plus pour garder nos bénévoles et mener des actions spécifiques pour les personnes que nous suivons. 

Etes-vous habilitées à recevoir des dons donnant droit à defiscalisation ? 

Oui bien sûr et nous avons mis en place un QR Code sur le site. 

https://www.jointhesorority.com/_files/ugd/205515_f2f2389bd86740269515f6ce9ca13d62.pdf

 Je vois que parmi les brochures que vous proposez, il y a « suis-je victime, suis-je violent-e : avez-vous aussi des appels de personnes qui sont auteures de violences ? 

Non, pas à ce jour mais cela reste possible. En France, les CPCA (Centre de prise en Charge d’Auteurs de violences conjugales) ont vu le jour depuis 3 ans environ et nous pourrions envisager des passerelles … Ce seraient des partenaires intéressants. 

Est-ce qu’il y a un type de situation pour lequel vous n’intervenez pas ? 

Nous ne sommes pas un service d’urgence donc en cas d’urgence, de danger immédiat, il faut appeler les services de police locales. Notre cadre d’intervention est très ciblé en lui-même : nous intervenons pour les Français de l’étranger en situation de violences intrafamiliales. 

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